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Se (re)poser, régulièrement, loin de toute sollicitation, grâce au yoga

A tout moment, l’envie peut se faire entendre, dans une vie souvent trépidante et parfois aliénante, de s’accorder (enfin) un peu plus de temps.

Plus de temps pour se poser, régulièrement, loin de toute sollicitation, pour s’écouter et s’entendre, pour se soigner et se réparer, pour retrouver la sensation d’être vivant. Et voir peut-être les choses autrement.

Le yoga est un outil puissant au service de l’être dans toutes ses dimensions. Se lancer dans sa pratique ou la reprendre peut se faire à tout moment dans l’année. En savoir plus sur les cours de yoga proposés à Angers et La Ménitré en petits groupes avec un suivi individualisé, par Pascale GARNIER, professeur de yoga formée et certifiée, sur www.atelier-re-source.fr
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Le Soleil a rendez- vous avec la Lune - Journée des Adhérents à Rennes 2018





« Le soleil a rendez-vous  avec la lune »…
Depuis toujours ces deux luminaires célestes que sont le soleil et la lune rythment nos vies, nos émotions, et même la manière avec laquelle nous nous appréhendons. Ne dit-on pas d’une personne qu’elle est « solaire », » lunaire », « lunatique »… ? Leur rendez-vous consiste pour nous essentiellement dans un jeu de lumière qu’ils nous offrent dans l’alternance des jours et des nuits.  
Nous les trouvons dans toutes les traditions, dans la statuaire, et dans de nombreux textes. Hautement symboliques et métaphoriques, soleil et lune sont deux concepts dont l’interprétation n’est pas chose aisée pour nous. Ils sont la représentation imagée qui résulte de la pratique et de l’expérience de ceux qui nous ont précédé, image que nous devons décrypter par notre propre pratique. Les interprétations sont nombreuses et parfois contradictoires…
Pour le yoga l’être humain est un microcosme dans lequel tout le macrocosme est inscrit. Il est donc tout naturel que nous y trouvions la lune et le soleil. La lune est candra, ce qui brille, et le soleil est sūrya, ce qui est constamment chaud. La lune, assimilée au mental, est à la racine du palais, et le soleil, assimilé au feu, réside à la racine du nombril.
Malgré les différences de traduction, nous pouvons définir deux archétypes :
Celui de la lune : elle règle les masses fluides donc nos humeurs (hormones, lymphe…), et chacune de nos cellules. Elle gouverne la transformation et la croissance. Elle représente les femmes, les êtres jeunes, la famille, la mère, le côté gauche, la polarité yin, le froid, le rêve, l’imaginaire…
 Elle représente la forme en ses changements ; elle est associée à prakṛti (un des deux principes constituant l’être humain ; celui qui est de la nature de l’existence, de la substance, en mouvement perpétuel).
Fortement liée à l’eau, l’élément liquide, c’est d’elle que s’écoule le soma, amṛta, le nectar d’immortalité. Ce nectar nous sert de « carburant ». C’est lui qui nous permet de vivre, qui alimente notre feu vital, lequel est le rôle du soleil situé au niveau du nombril. Les aléas de la vie, le stress, les épreuves, vont augmenter la demande en carburant afin que la flamme de notre feu continue à vivre. Si la réserve s’épuise, c’est la maladie, la mort. Pour le yoga la source essentielle de perte de soma est la dispersion du mental, qui nous éloigne de l’instant présent, s’accompagnant d’une perte d’énergie, prāna. 
Au niveau énergétique elle circule dans le canal subtil īdā représenté sous la forme d’un serpent s’enroulant autour de la colonne. Ce canal s’ouvre sur la narine gauche.
L’archétype du soleil :  bien qu’indispensable à la vie, le soleil est stérile. Il est l’orgueil, l’arrogance, l’intransigeance mais aussi la générosité. Il aime la perfection, cherche à briller, à avoir l’autorité. Il peut devenir inhumain à force d’idéalisme. C’est l’homme, le père, le côté professionnel, le feu, le chaud, la polarité yang.
Il est le symbole de la lumière, de la connaissance directe, celle qui est issue de la révélation, de la méditation. Il éclaire le monde (cf. YS III 26). Centre de l’univers, il est également le centre de notre être, ce qu’il y a de plus stable en nous. Il est purua (le deuxième principe constituant l’être humain, de la nature de l’Essence, de la conscience, de l’immuabilité). Il a alors une deuxième demeure qui est le cœur.
Tel le Dieu siva, dieu des yogi, nous voyons donc que le soleil a deux facettes : la destruction, sous la forme du feu digestif, et la manifestation sans fin, dans le cœur.
Au niveau énergétique, il correspond au canal subtil pingalā, s’enroulant autour de la colonne et s’ouvrant sur la narine droite.
L’union du soleil et de la lune est donc le mariage de purua, la source de vie en nous qui ne demande qu’à s’exprimer, et dont l’expression est prāna, et de prakṛti, la « terre » d’accueil que nous lui offrons pour cela. Cette union, dans le respect du rôle de chacun des deux pôles, est l’incarnation.  
La lune est sous la dépendance du soleil. C’est lui qui l’éclaire. Elle est le miroir du soleil comme notre mental est le miroir de notre être profond. De même que nous ne pouvons regarder le soleil de face, mais pouvons en avoir un aperçu par son reflet sur la lune, de même, c’est en observant notre mental, que nous accèderons peu à peu à la Vie qui nous anime, à l’essence de notre être.
Chaque jour la lune nous donne un reflet du soleil, mais elle n’est pas le soleil ! Il en est de même pour notre mental. Il est animé par la Vie, il nous la présente sous différents aspects, mais il n’est pas la Vie ! Cette illusion dans laquelle nous baignons depuis notre naissance, avidyā, est source de souffrance.
Avant d’arriver au mariage de ces deux partenaires qui portent notre existence, de nombreux rendez-vous sont nécessaires. Tous deux vont œuvrer pour préparer un mariage réussi.
Les textes du yoga nous permettent d’offrir l‘espace pour ces rendez-vous. Prenons deux d’entre eux :
Le yoga sūtra va porter notre regard essentiellement sur le mental, la lune. Il nous donne de nombreux moyens, à tous les niveaux de notre être, afin de nettoyer le miroir et que celui-ci donne peu à peu le véritable reflet de notre Essence, et même, qu’il soit si clair qu’il en devienne transparent.
En développant notre concentration par les multiples objets d’attention qu’il nous donne (postures, souffle, méditation…), nous avons la possibilité d’éviter que le miroir ne bouge et ne déforme l’image du soleil ! Nous évitons la souffrance et l’augmentation du débit d’écoulement du soma qui va se faire dévorer dans le feu. Notre énergie, prāna, est préservée.
En travaillant sur notre respiration, qui est l’expression de cette énergie, nous allons également clarifier la flamme du feu. L’expiration permet d’éliminer les scories qui gênent le tirage, les relèvent dans la zone du feu permettant d’achever leur combustion. Dans le même but, l’inspiration va faire descendre la flamme en direction des scories, mais elle apporte aussi de l’oxygène. Le feu brille mieux, la demande de carburant est réduite au strict nécessaire, la vie est préservée !
Schéma ?
Nous comprenons alors l’importance d’un sens de la respiration en faveur de cette œuvre, qui est celle de notre vie. Les textes parlent de sacrifice, de rencontre de l’inspiration et de l’expiration dans la zone du feu, lieu de destruction et de purification.
La Hatha Yoga Pradīpikā, texte plus récent, est moins philosophique, beaucoup plus technique. Il décrit les moyens (bandha, mūdra, prānāyāma, postures inversées …) pour faire se rencontrer le soleil (Ha), et la lune (Tha). Les techniques décrites s’adressent à l’énergie et ont pour but de rassembler celle qui circule dans īdā (la lune) et pingalā (le soleil), dans le canal principal qui circule le long de la colonne, suṣumna.  
Les cakra, qui sont les points de rencontre des canaux īdā et pingalā, sont libérés peu à peu permettant à l’énergie de circuler librement, en direct dans suṣumna. Nous sommes alors de plain- pied dans la réalité, portés par un feu nous permettant d’être en lien avec nos racines profondes, qui sont celles de l’humanité, et nos aspirations les plus hautes, la spiritualité.
En gardant la symbolique du soleil et de la lune, nous voyons que tous deux vont s’unir tout au long de notre route afin de mieux assurer leur rôle respectif : le soleil par sa lumière et son action purificatrice va aider la lune, son miroir, à lui renvoyer un reflet de plus en plus pur et net. Lorsque le soleil se reconnaît totalement dans ce miroir, c’est la Vie qui rayonne en nous dans toute sa splendeur.
Nous ne sommes plus soumis au pouvoir changeant des opposés (ici le soleil et la lune avec tout ce qu’ils représentent). Ne nous laissant plus entraîner vers le passé ou le futur, nous vivons pleinement l’instant présent dans un accueil total à ce qui est. Le mental se tait. Nous sommes dans un hors temps au goût d’immortalité.
Alors, soleil et lune ont leur lune de miel dans le cœur, le seul espace d’où nous pouvons percevoir le monde sans la limitation due au jeu des opposés(YS III 34). Nous trouvons Notre posture : celle d’un être humain qui vit le monde ! (YS II48)    
 
                                                                                                                                 Dominique Adda  19/11/18
   
 

ENSEIGNEMENT / Le Yoga Sutra de Patanjali

ENSEIGNEMENT : Le Yoga Sutra de Patanjali - Article paru dans le journal IFY Loire Ocean  décembre 2012




"CITTA"

Que voyons-nous ?

QU'EST-CE QUE LA CONSCIENCE ?

comment fonctionne notre mental ?

Question d'un élève :

"Comment arrêter le petit hamster là-haut qui tourne dans sa cage ?"
"je cogite, je rumine, je crois que, je pense que, je fais des films..."
Comment calmer cet état d'esprit ?

Définition de Citta :

dérivé de la racine sanskrite CIT qui signifie "conscience libre de toute condition"
CITTA désigne notre mental conditionné par l'éducation, la religion, la culture, nos habitudes ...


Dans la tradition :

CITTA est comme un lac tourmenté par le vent. Le dessus est perturbé même si en dessous le fond est calme. Le mental agité voile le fond du lac empêchant de voir CIT, la conscience libre.

Autre image de la tradition :

Le mental est comme un petit singe piqué par une abeille : il saute partout !

Outils de perception :

Nos cinq sens offrent la possibilité de percevoir le monde et de nous percevoir nous-mêmes à travers nos sensations, émotions et sentiments.
Le Yoga Sutra expose que notre mental CITTA est perturbé par notre distraction (Viksepa) entraînant des "fluctuations" au-dessus et aussi au fond du lac :

  • le raisonnement (Pramana) en lien avec les cinq sens, ce que je perçois par mes sens, ma sensorialité
  • la conception erronée (Viparyaya), ma perception est-elle juste ?
  • l'imagination (Vikalpa), illusions, création, mes films intérieurs
  • le sommeil profond (Nidra), comment est mon sommeil ? récupérateur ou pas ?
  • la mémoire (Smrtti), mes savoirs, acquis, souvernirs ...
CITTA est un outil de perception qui nous permet d'entrer en relation et en communication. Comment est mon outil ? Toujours en mode automatique ?

Quotidien :

  • A : bien que randonneuse chevronnée, arrive à se perdre en suivant ses cartes : des rêveries intempestives l'entraînent dans le mauvais sens. Plus concentrée A trouve de suite son chemin et évite des kilomètres inutiles
  • C : enseignante, se présente à son RdV de 11h .. avec 24h d'avance ! La prochaine fois C regardera son agenda avec soin avant de se déplacer
  • M : mère de famille, en retard pour l'école, cherche la clé de la voiture. Sac, clou de l'entrée, poches ... La clé est restée sur la voiture ! M décide de la ranger dans une petite poche de son sac à main à chaque fois pour éviter cette situation très désagréable.

Sur le tapis :

  • N : en posture debout, s'aperçoit qu'elle a les yeux fermés alors que le professeur demande à chaque fois de garder les yeux ouverts.
  • J : réalise que sa pratique s'individualise de plus en plus au fur et à mesure des cours collectifs. J reste dans ses propres capacités sans s'occuper de ce que font les autres élèves
Et vous constatez-vous des pensées pendant votre pratique ?

Citation :

"L'esprit est difficile à maîtriser et instable. Il court où il veut. Il est bon de le dominer.L'esprit dompté assure le bonheur" Boudha

"Le mental intuitif est un don sacré et le mental relationnel est un serviteur fidèle. Nous avons créé une société qui honore le serviteur et a oublié le don" Albert Einstein

YOGA SUTRA 2 Chapitre 1

Yogah citta vritti nirodhah
Le yoga permet l'arrêt des fluctuations du mental

Je suis ce que je pense, je pense ce que je suis, je deviens ce que je pense.
Comment agir alors ?

Dans le prochain article :

Comment concrétiser ma pensée ?


KAMA, le désir

KÄMA Le désir, en français. Mais cette traduction a-t-elle le même sens qu’en sanskrit ?
Comme à mon habitude quand je fais une recherche sur un thème, je descends les dictionnaires des étagères. Le Larousse ne m’a pas apporté plus que ce que je devinais déjà :
Désir, action de désirer, c’est-à-dire
     1. de souhaiter la possession ou la réalisation de.
     2. Eprouver un désir physique, sexuel à l’égard de quelqu’un.
Jusque-là, tout va bien, j’avais compris le terme.


Le Dictionnaire Historique de la Langue Française apporte un éclairage particulièrement intéressant sur la construction et l’histoire du mot désir jusqu’à nous.
Désirer vient du latin desiderare, construit avec le privatif de et sideris venant de sidus : les astres. Le verbe latin signifie littéralement « cesser de contempler (les étoiles) », d’où moralement « constater l’absence de » avec une forte idée de regret. L’idée première de « regretter l’absence » s’est effacée derrière l’idée positive et prospective de « chercher à obtenir, à souhaiter » C’est ce sens, déjà usuel en latin, qui est passé en français, avec une spécialisation supplémentaire dans un contexte galant pour « aspirer aux faveurs d’une femme ».
Ainsi donc, quand on est coupé d’avec les étoiles on cherche à les retrouver ? Comme le paradis perdu ?
Et c’est le désir qui va nous mettre en route ?
Voyons cela plus en détail.

Le dieu Kama.


Sans doute le plus ancien des dieux, Kâma a fait surgir dans l’esprit du créateur le désir d’autres êtres. Kâma est un beau jeune homme, monté sur un perroquet, armé d’un arc fait de canne à sucre et de flèches faites de boutons de lotus. Il est accompagné de son épouse Rati, la volupté.
C’est le temps où Shiva s’est retiré dans l’Himalaya pour méditer et observer une continence totale et une ascèse profonde à la suite de la mort de Sati qui s’est immolée parce que son père désavouait son attachement à ce dieu turbulent. Sati renaît en Parvati, et est toujours amoureuse de Shiva. En silence elle s’installe auprès de lui. Elle espère attirer son attention et gagner son amour, pour cela elle pratique les mêmes exercices, suit les mêmes rites que lui.
Mais c’est aussi le temps où le monde est menacé par Taraka, un démon à qui Brahma a accordé l’invulnérabilité. Seul un descendant de Shiva pourrait le détruire. Mais comment faire, puisque Shiva médite et médite encore.
Les dieux font alors appel à Kâma, qui se rend auprès de Shiva accompagné de Rati son épouse. Après avoir trompé Nandin, (le gardien de la porte qui protège l’ascétisme de Shiva) en se transformant en une brise parfumée, il reprend sa forme habituelle, guette Shiva pendant 60 millions d’années et décoche sa flèche. Shiva ouvre les yeux, voit enfin Parvati et est empli de désirs pour cette belle femme à l’attitude si pure. Courroucé d’être interrompu dans sa méditation, il comprend que c’est le fait de Kâma, il le découvre et le réduit en cendres. Mais il se tourne quand même vers Parvati et lui promet d’accomplir son vœu le plus cher. Parvati répond : « Que Kama vive et chauffe le monde !
Shiva et Parvati s’unissent, un fils, Kumara, naît de cette union, et mettra à mort le démon Taraka. Kâma a bien rempli sa mission. Il vivra puisque Shiva l’a promis, mais sans corps.

A la lumière de cette légende ou plus précisément allégorie, nous percevons bien les deux éléments existants déjà, mais qui côte à côte ne donnent rien, si ce n’est l’attente : Shiva en tant que conscience pure, semence première, essentielle ou principe masculin et Parvati que je vais traduire en Shakti, puissance de créativité, de fécondité ou principe féminin.
Dans le samkhya dont s’inspire le yoga, ces deux principes fondamentaux sont respectivement nommés Purusha et Prakriti.

Kâma porte de nombreux autres noms qui sont très éclairants sur son mode d’ action.
Dipaka (l’Allumeur) ; Gritsa (le Pénétrant) ; Mayi (le Trompeur) ; Mara (le Destructeur) ; Ragavrinta (le Chemin de la passion) ; Titha (le feu) ; Ananga (Sans corps).
Avec des qualificatifs comme ceux-là, il n’est plus possible de remplacer désir par envie, ce qui se fait souvent dans le langage courant.

Kâma n’a plus de corps, justement cela lui permet d’être et d’agir partout dans le monde sans être vu. Il est pénétrant, s’immisce ainsi profondément dans toutes les strates de l’individu. Il met parfois du temps à se révéler, mais il est là depuis toujours, attend que l’on soit prêt à le reconnaître (60 millions d’année pour Shiva !)
Il est le feu de la vie, celui de la transformation et celui qui réchauffe, l’énergie qui permet une mise en marche vers une autre personne, un objet, une action, plus de spiritualité. Il nous fait parfois prendre des virages à 180°, surtout aux environs de la quarantaine, ou au détour d’un évènement. Alors nous sommes comme portés, les obstacles ne nous font plus peur. Le mot qui convient le mieux pour définir cet état est « enthousiasme », du grec enthousiasmos : transport divin. Voilà une aide tout à fait appropriée pour nous rapprocher des étoiles que nous regrettions de ne plus voir. Sur ce chemin de la passion (raga) certains se rendent compte d’avoir pris des vessies pour des lanternes, d’autres n’ont peut-être pas la structure émotionnelle, affective ou spirituelle suffisamment stable pour éviter la destruction. Je pense à certains grands artistes comme Camille Claudel ou Vincent Van Gogh.

Nous sommes issus de la Création, de la fusion des deux entités Shiva et Shakti et ne sommes pas des dieux, mais des êtres vivants de par notre corps, notre mental et notre spirituel. Et toute notre recherche en yoga est issue du désir de retrouver cette fusion entre ces deux principes, de nous relier (étymologie du mot yoga) à la Création.
Désir de grandir, d’apprendre ; désir d’être autonome, d’être reconnu parmi les siens ; désir d’être accordé avec soi pour connaître la paix.

Et quoi de plus simple pour se relier que d’utiliser nos sens dont la fonction est justement d’établir le lien avec l’extérieur. C’est ainsi que les enfants apprennent le monde, et plus nous les développons, plus notre perception sera large et juste. Retrouvons cet enthousiasme et l’émerveillement des découvertes de l’enfance. D’autant que le désir est associé au plaisir : l’épouse du dieu Kâma n’est-elle pas la volupté ? Si le plaisir n’est pas suffisamment nourri, il y a frustration, aigreur, dessèchement…
Plaisirs des sens ? Facile ! Et pourtant, comme il est difficile de les vivre ou d’en parler sans crainte d’être jugé. Nos religions ont laissé des traces tenaces dans notre mode de pensée à propos du plaisir et de la sensualité. Toutefois pour mériter tout son sens dans notre quête de l’Unité, il y a une restriction à lui imposer : Ahimsa, (ne pas nuire.) et une obligation : celle de nous ouvrir à plus grand.

Plaisir du toucher, toucher et être touché. C’est dès la naissance que ça commence. En Inde et en Afrique, les mères massent beaucoup les enfants, pour « les finir » disent les africaines. Un bébé nourri convenablement, mais insuffisamment touché avec bienveillance, ne va pas se développer correctement ; il peut même se laisser mourir. Plaisir de la caresse amoureuse qui met tout notre système sensoriel en émoi, et celui du massage qui nous met en paix quand il est reçu dans la sécurité. C’est un plaisir très intime, d’où la nécessité du respect de l’autre, car celui-ci est tout proche.
Plaisir du goût, surtout quand il est déjà introduit par l’odorat ou la vue, voire les deux. Et on peut faire durer le plaisir en mâchant lentement, le goût occupe alors toute la bouche et laisse entre percevoir d’autres nuances. Ce qui a l’avantage de se sentir nourri sans s’alourdir. Quel déplaisir de manger quand on a un rhume et qu’on n’a plus le goût des aliments !
Regarder un ciel, un paysage, sans jugement (il fait trop chaud ou trop froid, l’arbre est de travers, c’est plus beau que là-bas…) Regarder, en conscience, entraîne à voir. L’arbre n’est plus seulement un volume dans le paysage, mais un élément vivant lui aussi, issu de la Création. Ce n’est plus alors de la rêvasserie.
L’ouïe. Ce sens qui nous ouvre à l’espace. On entend à 360° alors qu’on ne voit qu’à 150° (à moins de tourner la tête). Ecouter les bruits environnants à un effet magique : au niveau physique, cela détend les muscles du visage et la mâchoire, et sur un plan plus large, cela nous ouvre à plus loin, plus grand et étonnamment, nous recentre. Toutes les cultures ont développé la musique et le chant. Ils accompagnent les moments importants de notre existence et imprègnent notre mémoire. Suivant nos affinités, nos goûts nous pouvons faire appel à eux pour nous faire du bien.



Devenu plus grand, du moins en âge, se présente le désir des biens matériels. Qui peut prendre l’aspect d’une course à la possession de toujours plus. Mais ce qui émerge dans ce désir est celui d’être reconnu socialement, d’être responsable envers les besoins de sa famille, d’être respecté dans son travail. Et si ce désir n’est pas satisfait, il s’ensuivra une sensation d’insécurité voire d’infériorité.
C’est aussi à cette époque de l’âge adulte que se présente le désir de changer de vie, quelque chose à l’intérieur nous propulse vers un autrement. Transmettre le yoga a résulté pour moi de ce processus. L’idée m’est venue d’un coup (comme un coup de foudre, et d’ailleurs mon cœur s’est mis à battre très fort) par un concours de circonstances et m’a tenue éveillée pendant trois nuits jusqu’à ce que je reconnaisse son évidence derrière son caractère impérieux. Et tout s’est mis en place, comme dans un rêve. Cela fait 23 ans.
De même sur le plan de la spiritualité, c’est le désir qui nous mène à des pratiques nous permettant de progresser et de nous élever. Et là-aussi, dans le plaisir, celui de découvrir cette liberté respiratoire qui délie le corps et le cœur, celui de vivre, ce que j’appelle des instants d’éternité et qui sont des instants de grande présence à de simples choses. Les yoga-sutra ne parlent pas de Kâma, mais de quelque chose qui y ressemble fort. Ashisha, YS IV.10 La pulsion de vie. Mais si les yoga-sutra ne traitent pas du désir, ils parlent de fusion : samprayoga, la fusion avec la divinité d’élection. YS II.44 Et Samprayoga est le titre du dernier livre du Kâma-sutra.

Bibliographie : Yoga sutra de Patanjali
                            Le Grand Larousse des Mythologies du Monde
                            Amour, Passions et Spiritualité. Daniel Odier.

Photos :   Représentation de Kama dans le grand Larousse des Mythologies du Monde
                 Reflets et réflections. Crépuscule sur le lac de St Aignan de Grand lieu .


Assemblée générale IFY Loire Océan : compte-rendus et bilan

En pièces jointes vous trouverez tous les documents relatifs à l'assemblée générale du 18 octobre 2014 :

- Compte-rendu de l'assemblée générale
- Rapport moral
- Prévisions des activités pour 2014-2015
- Rapport financier 
- Bilan 2013-2014
- Compte-rendu du conseil d'administration du 18 octobre

Bonne lecture.

Agnès Moriconi
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__BilanIFYLO2013-2014.pdf295.44 Ko
Rapport_financier_IFY_Lore_Ocean_2013_2014.pdf173.29 Ko
rapportmoralAG2014.pdf114.71 Ko
CRAG2014.pdf172.74 Ko
Projets2015.pdf68.78 Ko
CRCAoctobre2014.pdf159.49 Ko

ADHI SHANKARA , philosophe, réformateur, métaphysicien et commentateur

Grand réformateur de l’hindouisme, Shankara est un personnage historique autour duquel s’est construite une légende (788 – 820 après JC). Considéré comme un grand maître, la légende voit en lui un « Avatar » (d’origine divine). Fondateur de plusieurs écoles de doctrines, il a eu au cours des siècles un grand nombre de disciples.






Aujourd’hui encore certains se réclament de sa philosophie spirituelle et transmettent ses enseignements.

La légende
Avant sa naissance, ses parents furent visités par le dieu Shiva. Il leur demanda de choisir entre de nombreux enfants à la vie ordinaire ou un seul fils dont l’existence extraordinaire aurait une renommée exceptionnelle. Sans hésitation ils choisirent l’enfant prodige. Ainsi naquit dans le Kerala (sud de l’Inde), Shankar dont le nom signifie « qui apporte la Félicité ».

Dès son plus jeune âge, il se révèle d’une intelligence hors du commun. Sa mère, aimante et fière de son fils âgé seulement de 8 ans, refuse de le voir partir pour devenir sannyasin (ascète). Un jour se baignant avec son fils dans la rivière proche de leur village, un crocodile attrape la jambe du petit garçon et menace de l’emporter vers le fond. Sa mère affolée fait le serment de le laisser partir s’il survit. A cet instant, l’animal lâche l’enfant. Shankara a alors la prémonition que sa vie sera de courte durée et qu’il n’y a pas un moment à perdre pour accomplir son œuvre. La légende raconte qu’il parcourt toute l’Inde pour rejoindre son « Guru » : Govindapada.

Le yogi

Animé du désir d’atteindre le samadhi (libération), il pratique le yoga, la méditation et étudie les textes védiques sous la conduite de son maître. A l’âge de 12 ans il est déjà considéré comme un sannyasin accompli, il fait des miracles grâce à ses pouvoirs acquis par sa pratique et connait tous les védas*1. Son guru lui donne pour tâche de commenter et de réformer l’ensemble des textes. Il achève ce travail de réécriture à l’âge de 16 ans. A partir de ce moment et ce jusqu’à sa mort dans l’Himalaya à l’âge de 32 ans, il ne cessera de parcourir l’Inde, afin de transmettre son enseignement.

Son enseignement

Au VIIIème siècle, la religion hindoue connait une grande crise. Divisée en une multitude de dieux, de sectes, de cultes divers, les rituels archaïques ou dévoyés prônaient des sacrifices animaux et parfois même humains. Outre les querelles sanglantes entre les différents courants, une partie des fidèles commençaient à déserter les temples au profit du Bouddhisme, alors plus pacifique, tourné vers la pratique de l’amour et de la compassion. Shankara réformateur des textes védiques arrive à convaincre par son intelligence, ses capacités d’orateur et quelques miracles, les prêtres et les fidèles de l’hindouisme que les dieux ne demandent pas du sang sacrificiel. Les offrandes de fleurs, de lait, d’épices et d’encens par leur subtilité sont mieux accueillis par des dieux qui vivent dans des mondes éthérés. Face à la multitude des divinités qui s’affrontent, il enseigne la supériorité de Brahmâ comme principe divin unique. Il se base pour cela sur les commentaires novateurs qu’il fait des principales Upanishads*2 et de la Bhagavad Gita*3.

Son oeuvre

Shankar est le fondateur du courant dominant de la philosophie indienne: l’Advaita Vedanta, ce qui signifie « non-deux » connu également sous le nom de monisme. Pour ce courant philosophique tout se fond dans une seule et même énergie, notre ignorance est responsable de notre vision erronée de la réalité. Le principe divin se « partage en trois facettes : Brahmâ le créateur qui contient les deux suivants, Vishnou qui maintient et protège la création, Shiva qui détruit ce qui doit disparaitre.

A la fin de sa vie Shankar aura fondé 4 grandes écoles védiques aux 4 coins de l’Inde et 10 ordres monastiques pour les différents cultes aux dieux auxquels tenaient les hindous, encore en vigueur de nos jours.

Ses écrits : Outre la réécriture et les commentaires de l’ensemble des textes védiques, il est l’auteur d’un texte dans lequel il « résume » sa philosophie et sa vision spirituelle :
Vivéka chudamani : « le joyau suprême de la discrimination » (dans le sens clairvoyance entre le réel et l’irréel). Sous forme d’un dialogue entre le maître et son élève, ce dernier parvient au fil des questions réponses à atteindre la libération en prenant conscience de la non dualité. La question pivot du dialogue est : qui suis-je? Qui est ce « je » ? En expliquant qu’il n’est pas ce corps physique même s’il l’habite, qu’il n’est pas le mental, qu’il n’est pas le corps d’énergie, ni celui de connnaissance, ni celui de joie mais ce qui englobe tout et le transcende. Pour finalement atteindre l’état de « Sat- cit- ananda » : Etre (éternel équilibre) Esprit (conscience connaissance claire sans limite) Félicité (extase, Joie, plénitude sans condition). Il explique aussi dans ce texte que pour lui, le but ultime du yoga est de sortir le pratiquant de la dualité. C’est ce qu’il nomme la voie royale : Raja Yoga.

Citations de Shankar « La distinction entre le connaisseur, la connaissance et le connu n’existe pas pour le Soi suprême. Etant l’unique conscience et félicité, il brille par lui seul. » « L’état de « libéré » signifie que la personne sage, ayant abandonné ses limitations et qualités passées et acquérant les propriétés de l’être, de la conscience et de la félicité, atteint Brahman, de la même façon que la chenille devient papillon. »

Ses disciples Ramakrshna (1836-1886) et son disciple Vivekananda (1863-1902) qui fit connaitre la philosophie spirituelle de son maître en occident. Philosophie tirée de l’Advaita Vedanta, par laquelle il place la spiritualité et le principe divin au-dessus de toutes les religions. Ils développent le Bhakti yoga. Sri Aurobindo (1872-1950) poète, philosophe, yogi et homme politique indien. Il prône le yoga intégral. Ramana Maharshi (1879-1950) maître d’Advaita vedanta qui aura de nombreux disciples occidentaux.

Sylvie-Elisabeth Siegmann Source : http://4.bp.blogspot.com/-

1)Védas : Ensemble de textes révélés par l’audition aux grands sages indiens nommés Rishis. Signifie littéralement : vision, ce qui a été révélé. Ces textes ont été transmis oralement depuis leur origine. 2) Upanishads : signifie littéralement « assis par terre au pied du maître pour écouter l’enseignement ». Ensemble de textes philosophiques et mystiques de la littérature de l’hindouïsme qui furent transmis secrètement de la bouche du maître à l’oreille du disciple. Minimum trente siècles depuis leur origine.

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Un grand maître : Tirumalai Krisnamacharya

Article paru dans le bulletin IFY Loire Océan de l'été 2013 






 

Vu par certains il était précis, intransigeant, d’une pensée rapide et pénétrante, d’autres ont ressenti une immense douceur remplie d’attention et de compassion. S BKS Iyengar,  S Pattabhi Jois, TKV Desikachar racontent comment ils se sont dépassés et sont devenus maître en Yoga  grâce à son impulsion bienfaisante.

 
S.T. Krishnamacharya, brahmane d’un mètre cinquante huit est né le 18/11/1888 dans un district du Karnataka en Inde. Sa mère lui donne ce nom en l’honneur du Seigneur Krishna, une des incarnations du Seigneur Visnu. Son parcours est un mélange de mythe, d’histoire et de symbole. A seize ans,  il fait un rêve étrange : son ancêtre  S. Nathamuni lui chante les enseignements originels du Yogarahasya (l’Essence du yoga , texte disparu il y a plus de mille ans.)
 


 
Le professeur
Philosophe, sanskriste, grammairien, Krishnamacharya est reconnu comme un spécialiste des rituels brahmaniques.  Sa présence influence ses contemporains par sa mémoire : textes de la tradition, Ayurveda, musique, astrologie, poésie. Il parle de nombreuses langues et pratique jusqu’à ses 101 ans la récitation des Védas.
Son chemin le guide auprès d’un yogi qui fait remonter son enseignement de maîtres à élèves depuis Nathamuni, saint yogi (980 ap JC).  Il apprend de lui le Hatha Yoga et ses applications thérapeutiques, durant 7 ans. Quand il est questionné sur la source de ses informations, Krisnamacharya répond : « C’est mon Maître qui me les a transmises ». Krisnamacharya n’a transmis que ce qu’il a vécu de ces pratiques. Tel est le sens de ACHARYA. 
Il a dit : « Le professeur de yoga enseigne ce qui est approprié à ses élèves et non ce qui l’intéresse lui-même». Ses élèves, de renommée internationale, ont reçu de lui un yoga qui leur est personnel. Ils auront eu pour tâche de poursuivre et d’enseigner leur pratique. 
 
Le Yogi
Alors qu’à son époque le yoga n’a pas bonne presse, Krishnamacharya passe sa vie à redonner à cette pratique sa noblesse et son utilité pour ses contemporains. Il révolutionne les milieux traditionnels en ouvrant la pratique aux femmes : « Elles portent la vie des générations futures, c’est primordial qu’elles pratiquent le yoga ». Il va influencer la transmission du yoga dans le monde. Il déclare en 1934 : « Le yoga doit s’adapter à l’individu et non l’inverse ».
 
Y a-t-il un style  de « yoga Krishnamacharya » ?
 
Le thérapeute
Son sens de l’observation et sa capacité à interpréter les textes et ses connaissances de l’ayurveda lui ont permis d’avoir des résultats exceptionnels et des guérisons auprès de tout public. Sa compréhension expérimentale des dosha, vata pitta kapha et le fonctionnement des organes et des nadis, combinés avec les effets de l’alimentation sur les énergies subtiles affinent son approche du corps. Les pratiques du son et du chant védique, les nombreuses pratiques de concentration et de méditation ont des effets sur le mental et son apaisement. Reconnu comme un médecin étonnant, pour lui la pratique des bandha peut venir à bout de très nombreux maux qui assaillent l’homme, mais il affirme que seul Dieu peut le guérir. Le yoga est une méthode pour permettre de retrouver la force auto-guérissante résidant au profond de chacun.
Pour cela Krishnamacharya préconise de tenir compte, afin établir une pratique correcte :
du lieu de naissance « desha », de l’état physique « deha, » de la saison « kala » de la profession « vrtti», des croyances « marga », des capacités «shakti », des attentes de la personne, d’ apporter des forces «  shaktikrama », de comprendre ce qui est subtil « adhyatmikakrama » et de réduire les gênes qui invalident « cikitsakrama ».
Le prânâyâma est utilisé pour allonger des temps respiratoires rythmés en détendant des zones corporelles grâce aux postures spécifiquement préparées.
Des visualisations favorisent une direction mentale harmonieuse  et l’optimise.
 
 
 
Krishnamacharya  nous laisse :
De nombreux poèmes chantés pour ses élèves, remplis d’enseignements et de bénédictions,
la manière de réciter des Véda suivant des règles du sanskrit transmise de bouches à oreilles de professeurs à élèves ainsi que les commentaires oraux des ces textes permettant l’approfondissement d’une quête vers notre soi-même et l’enseignement vivant au travers de ses élèves devenus professeurs porteurs de ses idées novatrices.
 

Pour Krisnamacharya la posture n’est pas envisagée isolément. Elle fait partie d’une composition d’âsana préparatoire. Sur des rythmes respiratoires, elle est maintenue un temps, comme une méditation, puis quittée avec des compensations : vinyasa.
Krisnamacharya a innové de très nombreuses modifications et variantes pour chaque posture, favorisant ainsi la concentration sans  cesse renouvelée.
La pratique judicieusement préparée produit comme effet des gestes symboliques et énergétiques, mudra et bandha. Le placement de la colonne vertébrale et la compréhension de l’inspiration et de l’expiration ont des répercussions sur le maintien  de la santé.
Krisnamacharya a remis en cause certaines pratiques yogiques : incorrectement pratiquées, sans tenir compte de la constitution ayurvédique de chacun, elles deviennent inutiles voire dangereuses.
Krisnamacharya n’a cessé de mettre en relation l’expérience du Hatha Yoga avec sa vision inspirée des Yoga Sûtra de Patanjali.
 
 
 

Références livres 
Le yoga Makaranda où sont consignés les enchainements pour s’introduire dans les âsana, 
Le secret du Yoga, Yogarahasya (reçu du Maître de la lignée des Acharya).

Article rédigé par Jean-Yves Deffobis
 
 
 
 
        
 
 
 
 

Qu'est-ce que le sanskrit ?

« En quelle langue avez-vous chanté ? » « Qu’est ce que le sanskrit ? »





Ces deux questions reviennent souvent aux au oreilles des professeurs de yoga qui récitent à leurs élèves le Yoga Sutra de Patanjali ou leur chantent des textes védiques et mantras. Eclairage sur la langue « des dieux » :
 

Un peu d’histoire


Le Sanskrit est une langue qui remonte à la haute antiquité et a été une des langues principales de l’Orient, notamment en Inde. C’est la plus ancienne langue de l’Inde. Le premier « document » écrit remonte au XIV avant J.C : le Veda, ensemble de textes et d’hymnes religieux, monument littéraire d’une immense richesse. Auparavant la tradition était surtout orale.
Impossible de parler du Sanskrit sans parler de Panini, le grand grammairien historique (entre IVème et VI siècle avant J.C) pour qui le sanskrit était la langue universelle, de toute l’humanité, sacrée entre toutes car transmise par les dieux eux-mêmes. Plus tard, le mythe attribue à Patanjali que les pratiquants de yoga connaissent bien, la transmission de la grammaire pour que les hommes se comprennent mieux. Plus proche de nous : «La langue sanskrite, quelque ancienne qu'elle puisse être, est d'une étonnante structure ; plus complète que le grec, plus riche que le latin, elle l'emporte, par son raffinement exquis, sur l'une et l'autre de ces langues, tout en ayant avec elles, tant dans les racines de mots que dans les formes grammaticales, une affinité trop forte pour qu'elle puisse être le produit d'un hasard.» déclarait William Jones, orientaliste du XVIII ème siècle.
De nos jours c’est une langue réservée au culte et à l’enseignement, bien que faisant partie des langues officielles indiennes.

Un peu de grammaire


Saṃ-skṛtá (« parfait » ou, plus exactement, « fait ensemble ») signifie « la langue parfaite, parachevée » Le sanskrit était utilisée dans toutes les régions de l’Inde et de nombreux textes védiques furent écrits en différentes écritures (sârâda, bangâlî, kannada…). L’usage de l’alphabet denâgarî employé aujourd’hui est dû aux colons anglais. Nâgâri est un mot dérivé de « brâhmi », « deva » dieu : l’écriture de Brahma (le dieu de la création). Cette langue était parlée surtout par les brahmanes (les religieux) en raison de sa complexité. La tradition orale permettait d’en garder le secret du sens entier, ésotérique et réservé à l’élite des disciples. N’oublions pas que le sens définitif d’un texte n’existe pas dans la tradition hindoue, il s’apprend par cœur par répétitions, il se médite et s’éclaircit peu à peu (exemple des Yoga Sutra).





Alphabet devanâgâri : La position de la langue pour la prononciation des lettres est très importante et d’une grande diversité (gutturale, palatale, cérébrale....sourdes ou sonores…non aspirée, aspirée…). Pour articuler correctement le sanskrit il faut donc bien ouvrir la bouche (regarder votre professeur quand il chante, c’est très instructif).
Ce langage composé de sons racines, est enrichi par des suffixes et préfixes qui permettent une grande créativité de sens et de mots suivant leur contexte. Des noms composés s’ajoutent les uns aux autres : un composé sert de base à un autre composé. C’est une langue précise avec une grammaire très codifiée. Le sanskrit comporte une telle quantité de mots simples et composés à deux ou trois termes qu’un dictionnaire commencé en 1939 n’était pas encore achevé à la fin du XXème siècle : dictionnaire d’au moins 100 000 pages, avec des millions de termes !
C’est la langue qui a la littérature la plus abondante du monde…

Beaucoup de persévérance

Voulez-vous apprendre le sanskrit ?
Il vous faudra une grande patience et persévérance si vous souhaitez l’apprendre comme un « pandit », érudit indien, dans le détail et la complexité de la structure. Vous pouvez vous inscrire à une université qui l’enseigne, commander une méthode sur internet, potasser les livres de grammaire… C’est l’aventure de plusieurs années d’un travail intense.

Voulez-vous être « imprégné » par le sanskrit ? Il vous suffit de répéter avec application les mots du texte ou de la formule (mantra) ou du yoga sutra, transmis par votre professeur. Au début, c’est une mixture assurée ! Ne vous découragez pas : une bonne stratégie est de répéter ce que vous avez compris, même un balbutiement. Vous allez approprier un mot, puis un autre, puis une « phrase »… et au bout du compte le sanskrit s’imprégnera dans votre mémoire, par « cœur ». Ce que vous aurez appris ainsi restera gravé dans votre mémoire comme dans un roc. Jouez le jeu, ne demandez pas tout de suite le texte écrit : l’écriture ne correspond pas toujours à la façon de prononcer et cela risque de vous décourager. Vous pouvez également « contempler » les mots sanskrits, sans chercher leur sens, observer les racines des mots (le plus intéressant à apprendre) et la construction grammaticale. Peu à peu, quelque chose se passera dans votre compréhension. Laissez vous imprégner par le sanskrit, par la vibration que cette langue majestueuse porte en elle. Faites vous confiance, méditez sur les yoga sutra I.12 et I.13 et pratiquez !

Agnès Moriconi
Enseignante de yoga à Nantes

Pour aller plus loin :


« Eléments de grammaire sanskrite – la langue des dieux « Vasundhara Filliozat (Agamat) « Grammaire du sanskrit » Jean Varenne (Que sais-je ?) Site de traduction devâgâri-anglais : http://spokensanskrit.de


Livre à lire


LE YOGA, UN TEXTE, UNE PRATIQUE
Paroles de formateurs IFY Editions : Les Cahiers de présence d'Esprit, dirigées par Béatrice Viard.

A l'occasion des rencontres nationales de l'IFY, en 2009, Béatrice Viard a demandé à l'ensemble des formateurs: "Comment texte et pratique se tissent et s'ensemencent réciproquement dans votre enseignement ?" Une même question, pour une grande diversité de réponses !

Cet ouvrage est l'occasion de découvrir toute la richesse de l'Institut Français de Yoga (IFY). En effet, si nos professeurs puisent à la même source, chacun apporte une teinte, une sensibilité différente à son enseignement. C'est ce qui permet à chacun de nous, élève ou enseignant de trouver à se "désalterer". Par cette lecture nous pouvons élargir notre réflexion sur le Yoga et son texte fondateur que sont les Yoga Sutrâ de Patanjali.

Chaque chapitre est indépendant, nous pouvons lire à loisir, selon le moment ,tel ou tel chapitre, et y trouver chaque fois une source de réflexion pour notre pratique personnelle.

Le Yoga pour Tous ! ... Et les personnes handicapées

Avant de proposer un exemple de pratique spécifique, je voudrais développer dans cet article, différents éléments concernant le yoga pour les handicapés. Sur le chemin de la vie arrive parfois, au sein d’une famille ; l’imprévu, des traumatismes, maladies héréditaires, accident. L’enfant ou l’adulte se trouve diminué de ses chances de faire comme tout le monde. Les regards de l’extérieur changent et celui de l’intérieur protègent.
 
Qu’en est-il des personnes handicapées ? Le yoga peut-il être une aide ? Comment ? Depuis de nombreuses années, j’ai la chance de croiser des personnes handicapées moteur, des déficients intellectuels, des mal ou non voyants, des mal entendants, des trisomiques.
 
Comment ces personnes ont-elles pu trouver une aide, un réconfort dans la pratique de postures, dans les techniques du souffle et dans tous les autres exercices que j’ai pu mettre en place pour répondre aux différents handicaps afin d’inventer quelque chose de l’ordre de la confiance en soi, de l’apprentissage de l’écoute et du respect de l’autre et de soi-même.
 
Concevoir la situation du handicap est difficile pour une personne extérieure : ne pas pouvoir faire comme tout le monde dans la norme d’actions habituelles. L’approche de la pédagogie du yoga doit être reconsidérée en tenant compte de l’influence et de l’importance donnée aux regards des autres, le regard de la famille même, le regard des institutions, le regard des autres handicapés et bien sûr, le propre regard du handicapé sur lui-même.
 
Quelle importance le yoga peut-il représenter pour ces personnes ?
 
Nous pourrions considérer l’utilisation du yoga suivant le niveau d’altération des facultés personnelles.
 
handicap moteur
 
Le yoga soutient les efforts de la personne handicapée moteur qui doit fait face aux déplacements en fauteuil, à l’absence de membres, à des muscles non maîtrisés, à un système nerveux déficient. Les exercices de yoga tendent à préserver l’équilibre des fonctions vitales. Des mouvements spécifiques aident la circulation sanguine dans les régions qui restent immobiles. Sur le rythme du souffle, répétés progressivement, les exercices de conscience apportent des impulsions dans les membres oubliés. Je me rappelle cet homme dont le bassin qui avait été fracturé en de multiples endroits, vivait dans son fauteuil avec une anxiété, celle de tomber et de rester au sol sans force. Nous avons mis en place un entraînement spécial afin qu’il retrouve la musculature utile à ses déplacement dans le but de descendre et remonter dans son fauteuil. Il a pu fortifier ses bras, son dos et ses abdominaux. Les gestes inhabituels et les variantes des postures permettent d’éveiller et de revitaliser le corps dans ses énergies.
 
Les déficients mentaux ont besoin d’être guidés dans le gestes, le souffle et le rythme pendant une période plus ou moins longue. Quand ils ont repérés et mémorisés les exercices, ils s’approprient les mouvements associés à des phrases, des textes ou des sons. Les chants, avec leurs mélodies et leurs impulsions leur permet de communiquer, s’exprimer et canaliser leur attention. Les rappels de consignes fréquents et judicieusement placés dans les enchaînements favorisent des corrections qui se concrétisent par des progrès tant réflexes que comportementaux : par exemple sur des bégaiements, des tics ou des asymétries. Le travail collectif permet d’installer des rapports sociaux respectueux, dans la compréhension et l’écoute de l’autre. Ce yoga favorise l’approche du corps physique et émotionnel grâce à des ambiances qui reposent les systèmes nerveux. Mes expériences en CAT (centre d’adaptation par le travail) m’ont permis de concevoir des séries d’enchaînements évolutifs pour la santé. Ce travail se fait en harmonie avec les enseignants et les éducateurs qui encadrent ces personnes. J’ai rencontré dans ces groupes des handicapés moteur, des déficients mentaux et des trisomiques, avec leurs différences. Ces séances deviennent un lieu de production de paix et d’échange et d’enrichissement pour tous.
Les handicapés visuels peuvent l’être de naissance , ou le devenir au cours de la croissance ou encore lors d’une période plus récente. L’absence de repères visuels, source d’asymétries physiques et d’habitudes de précautions, se compense par une suractivité auditive, avec tous ses inconvénients par rapport aux stress dus aux bruits. Le toucher est aussi un organe très utilisé. Ces deux évidences demandent à l’enseignant une précision toute particulière quand il donne ses consignes. En effet l’ordre des mots produisent une suite de suggestions qui doivent être cohérentes pour le débutant, mais doivent aussi le rester par la suite, sinon la progression est rompue ou encore le doute physique s’installe. Le toucher peut leur permettre de « voir » un schéma à réaliser, avec des directions et des axes et des points clés. Etre toujours sur un qui-vive, rester en alerte,  devenir «  un radar », représente un sur-coût pour le système nerveux qu’il faut reposer par les techniques du yoga, principalement les prânâyâma. J’ai rencontré, dans ma pratique d’enseignant, des jeunes gens qui ont appris par le yoga, à trouver en eux les points de référence stables . En effet, cela leur a permis de moins être troublé par les agitations extérieurs. Ils ont acquis la possibilité de reconsidérer leurs sensibilités aux regard des émotions vécues autour d’eux et d’en être moins imprégnés.
 
Et les personnes trisomiques, si touchées par les marques d’affection , revendiquent leurs particularités. Certains très au courant des évènements familiers comme la coupe du monde pour les passionnés de sport, la grève des transport pour les anxieux, le décès ou la naissance dans leur propre famille ou chez des amis, tous marquent leur intérêt profond à ce qui les entoure. Les pratiques que je leurs propose comprennent presque toujours du chant ou des sons, dans le but de leur permettrent un partage et un recentrage, des enchaînements simples et progressifs afin de solliciter des interactions entre leur schéma corporel et la gestion de l’espace, une production graphique ou de dessins dans le but d’exprimer leurs sensibilités. Ces séances ressemblent à un foisonnement de signaux de communication tous plus riches et passionnants.
 
Oui le yoga peut apporter à tous du réconfort, de l’apaisement, de la connaissance de la vie. Comme des arbres sur cette terre, nous avons nos racines, égaux au contact du sol, en ce qui concerne les feuilles et les branches nous partageons nos différentes conceptions et idéations. Le yoga est une source d’inspiration donnant des moyens d’aborder les normes des plus banales à celles qui peuvent être si loin de nous.
La simple respiration en levant les bras, si banale pour la personne qui pratique  juste depuis un mois, devient pour le handicapé une source de libération, une joie, une source de connaissance et de communication.
 
Quelque soit le handicap, le yoga bien appliqué corrige et atténue les effets négatifs de la pesanteur sur la colonne vertébrale. La répétition de certains mouvements compense les positions du bassin
 
 
 Il y a un mystère. La pratique du yoga tend à soutenir intérieurement une force d’équilibre appelée par les anciens « cikitsha shakti », appelée aussi principe auto guérissant. Le yoga aide les personnes handicapées à mieux vivre, pour certains, leur handicap, pour d’autres à trouver leur place dans la société actuelle, pour d’autres encore, à les préparer à une certaine autonomie.
 
Jean-Yves DEFFOBIS
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